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Enfermée dans la résine

Pour le lancement de sa voiture Classe G, Mercedes-Benz a coulé un modèle de 1979 dans un énorme bloc de résine synthétique. C’est un produit RECKLI qui a rendu possible ce projet appelé à battre tous les records.

Au milieu du froid glacial de Détroit lors de la foire automobile américaine NAIAS en février 2018, même le temps semblait être pris dans la glace : une Mercedes Classe G, année de fabrication 1979, enfermée dans un gigantesque bloc de résine synthétique, attendait les visiteurs aux portes du hall. La Classe G semblait avoir été préservée dans son élément, en pleine descente de terrain, – comme un insecte enfermé dans de l’ambre. Cependant, ce ne fut pas une goutte unique d’ambre qui fut nécessaire mais 44,4 tonnes de résine synthétique liquide pour conserver la Classe G pour l’éternité. La plus grande coulée de résine synthétique du monde fascina les visiteurs du Salon.

L’Amber Cube est délibérément orienté sur le phénomène naturel des insectes conservés dans de l’ambre jaune. Le tout nouveau modèle Classe G conserve les caractéristiques de la série de fabrication de voitures la plus durable de Mercedes Benz jusqu’aux temps modernes : design emblématique, supériorité sur le terrain et confort de conduite sur route. »Depuis presque 40 ans, notre véhicule tout-terrain culte n’a cessé d’évoluer – sans changer ni son caractère ni ses valeurs fondamentales. Son ADN résiste au temps et à chaque mode. Cela met le cube largement en valeur et incarne ainsi les objectifs à atteindre pour le développement futur de la Classe G«, dit Dr Gunnar Güthenke, directeur de la gamme de produits véhicules tout-terrain chez Mercedes-Benz.

Avec cette image de Mercedes à l’esprit, l’agence berlinoise Antoni a développé l’idée de la campagne »stronger than time« enfermant la Classe G dans un bloc de résine synthétique. Mais comment conserve-t-on une voiture ? L’association allemande pour la recherche et les essais sur les matériaux savait ce qu’il fallait faire : une résine synthétique deux-composants à comportement au retrait moindre envelopperait la voiture, sans causer de déformations. Afin d’enfermer complètement la Classe G d’une longueur de 4,8 mètres, d’une largeur d’1,9 mètres et d’une hauteur d’1,9 mètres, une quantité énorme de résine liquide était nécessaire : RECKLI livra pour cette tâche gigantesque plus de 52 bidons contenant le matériau– la plus grande quantité jamais commandée pour un seul projet.

»Nous devons y arriver«, a été la première idée d’Andreas Kleinmann de l’agence de production publicitaire hambourgeoise Markenfilm. L’enthousiasme pour ce projet unique l’emportait sur le scepticisme soulevé par la question de savoir comment mener à bien un tel projet. Kleinmann et son équipe s’attaquèrent au défi : sous sa coordination, le cube en résine prit forme dans un laboratoire près de Hambourg. Pour cela, l’équipe devait d’abord effectuer une série de tests avec la résine synthétique afin d’étudier précisément ses caractéristiques. En les coulant ensemble, les deux composants de la résine réagissent entre eux et produisent de la chaleur.

»Chaque coulée était un thriller à part entière «, dit Kleinmann. »Plus les objets soumis aux essais étaient gros – sièges, armatures ou portières – plus nous devions redoubler nos efforts pour contrôler la réaction exothermique.«

À l’aide des tests, l’équipe détermina la vitesse de coulée et l’épaisseur des différentes couches de coulée : environ 3 centimètres par couche. Par ailleurs, l’installation d’un environnement de travail spécial était indispensable. »A la fin, nous disposions d’une salle blanche, dont le climat ambiant était complètement découplé du monde extérieur«, dit Kleinmann. Il fallut pour cela prendre des mesures de déshumidification de l’air, de climatisation, de circulation d’air et de surveillance permanente de la température de l’ensemble de la masse coulée dans tous les recoins du véhicule. L’équipe composée de 39 employés n’entrait dans la zone de travail qu’en portant des habits de protection et des masques afin de n’introduire aucune particule de poussière et de se protéger des vapeurs de la résine.

La Classe G ne devait pas non plus contenir de saleté avant la coulée. Elle fut démontée quasiment en toutes pièces pour être ensuite complètement nettoyée, afin d’éviter toute réaction incontrôlée au contact de la résine. Après le nettoyage cryogénique du moteur, le véhicule fut remonté et positionné sur le côté pour le coulage dans la résine. Le cube en résine prit forme dés 90 couches de coulée. Le cube grandissait d’une couche de 30 mm d’épaisseur toutes les 24 heures. Les couches, chacune pesant 550 kilogrammes, devaient être versées en l’espace d’un quart d’heure sans former de bulles. L’une des tâches principales de l’équipe était d’éliminer les bulles qui s’étaient formées sur les coussins de siège, dans le dessous de caisse, sur le tapis ou, par exemple, dans les parties intérieures des portes. Parallèlement, les techniciens devaient veiller à maintenir les conditions climatiques constantes. »Après réaction, la coulée devait toujours être ramenée à la température initiale optimale. La couche suivante pouvait alors être préparée«, raconte Kleinmann. Le coffrage s’éleva aussi planche par planche à chaque couche supplémentaire. Après le décoffrage, le cube légèrement surdimensionné fut amené à sa dimension finale à l’aide d’une scie à câble diamanté, puis poli.

Après 8892 heures de travail au total, le tour était joué : la Classe G était enfermée dans un bloc de résine mesurant 3,10 mètres fois 2,55 mètres fois 5,5 mètres. Puis, il fallut déplacer le cube hors du laboratoire pour l’envoyer au bout du monde : l’Amber Cube de 52 tonnes fut expédié par bateau de Hambourg, via Southampton, jusqu’à Baltimore aux États-Unis, puis transporté jusqu’à Détroit. Cependant, Détroit n’est pas la dernière station pour le cube : il doit continuer à voyager pour trouver un foyer permanent. Mais où précisément, cela reste encore un secret.